Reprendre le travail après un cancer du sein : un chemin personnel, pas un retour forcé
« Quand je suis revenue au bureau, j’ai dû réapprendre à respirer ».
Marie, 48 ans, était cadre dans une PME avant que le cancer du sein n’arrête brutalement son rythme. Après huit mois de traitements, elle reprend progressivement.
Lors de son premier jour de retour, elle ressent une fatigue profonde, craignant de ne pas y arriver. Pourtant, cette journée deviendra un tournant : elle découvre que la bienveillance de son équipe et les ajustements de poste peuvent faire la différence.
Ce récit illustre un constat : la reprise du travail après un cancer du sein est une étape délicate,
pleine d’enjeux humains, médicaux et professionnels.

Un défi à multiples visages
Des statistiques qui interpellent
Chaque année, plus de 60 000 femmes découvrent qu’elles sont atteintes d’un cancer du sein.
Grâce aux progrès médicaux, le taux de survie à 5 ans dépasse 87 %. Pourtant, deux ans après le diagnostic, une femme sur cinq n’a pas repris le travail.
Certaines femmes reprennent peu après la fin des traitements, d’autres plus tard, d’autres encore jamais.
Cette variabilité met en évidence que chaque parcours est unique et dépend non seulement de l’état de santé, mais aussi du contexte de vie et du poste de travail.
Les obstacles médicaux et cognitifs
Les traitements lourds (chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, etc.) laissent souvent des traces :
- fatigue persistante,
- douleur,
- troubles de la concentration
- ou de la mémoire.
La fatigue émotionnelle est citée comme le symptôme le plus invalidant, parfois présent jusqu’à quatre ans après la fin des traitements.
L’asthénie est particulièrement fréquente. Pour la réduire, il est conseillé d’agir précocement :
- adaptation de l’activité,
- suivi nutritionnel,
- arrêt du tabac ou de l’alcool,
- activité physique adaptée.
Des efforts précoces permettent de limiter l’impact des effets indésirables, ce qui rend la reprise plus soutenable.
Reprendre le travail : un projet à construire
Anticiper et dialoguer
Selon Ameli, anticiper est la clé pour un retour durable.
Dès que possible, il est recommandé de solliciter une visite de pré-reprise auprès du médecin du travail. Elle permet de dresser un diagnostic de la capacité à reprendre, d’échanger avec employeur et médecins.
Pendant cette visite, on évalue les contraintes du poste :
- port de charge,
- horaires,
- travail de nuit,
- station debout, etc.
L’employeur, avec l’accord de la salariée, peut être impliqué pour proposer des ajustements raisonnables.
Adapter le travail, de façon évolutive
Le temps partiel thérapeutique est une solution souvent mobilisée.
Il permet une reprise progressive, avec versement d’indemnités et maintien d’une fraction du salaire.
La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) peut aussi ouvrir des droits pour adapter le poste ou la formation. Mais attention : une formule toute faite ne suffit pas. L’incertitude liée à la maladie impose une co-construction multiacteurs, des aménagements provisoires et ajustables.
Certaines entreprises innovent en expérimentant des modalités de travail flexibles ou des conventions d’ajustement au cas par cas.
Le défi principal : faire évoluer les normes rigides pour les rendre compatibles avec la variabilité de la capacité productive liée à la maladie.


Un rôle central pour les acteurs de l’entreprise et du système de santé
Soutien interne et culture d’entreprise
Le retour au travail est aussi une question de culture d’entreprise. Beaucoup de femmes parlent ouvertement de leur cancer : entre 83 % et 88 % selon certaines enquêtes.
Mais trop souvent, les entreprises n’ont pas de dispositif structuré pour accompagner.
La pair‑aidance (salariés ayant vécu un cancer) commence à émerger comme dispositif d’accompagnement dans certaines entreprises.
Le rôle des employeurs et des collègues est capital. Un mot, une attitude, un geste peuvent tout changer. La bienveillance n’est pas un luxe, c’est une condition de réussite.
Coordination entre professionnels
Les médecins (traitant, oncologues, spécialistes), le médecin du travail, le service social, les ressources humaines doivent collaborer.
Le médecin traitant doit rester vigilant à la réapparition de signes de souffrance (physique ou psychique) une fois la reprise engagée.
Vers un retour durable : bonnes pratiques à retenir
Commencer tôt le dialogue :
Ne pas attendre la fin des traitements pour envisager le retour.
Évaluer le poste de travail :
Identifier les contraintes physiques, horaires, cognitifs
Prévoir des ajustements évolutifs :
Le retour doit rester flexible, selon le rythme de la patiente
Mobiliser tous les acteurs :
Soignants, entreprise, protection sociale
Valoriser le soutien psychologique : L’accompagnement psychique est essentiel à la reprise
Réévaluer régulièrement :
La situation médicale et professionnelle peut évoluer

Reprendre le travail après un cancer du sein, ce n’est pas seulement retrouver un revenu ou une activité. C’est souvent reconstruire son identité, sa confiance et ses projets.
Pour que cette étape soit possible, il faut dépasser l’idée d’un retour « standard ». Il faut bâtir, avec la personne concernée, un parcours respectueux de sa santé, de son énergie, de sa trajectoire.

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Sources :
- INSERM – Cancer du sein : la difficile reprise du travail
- Ameli.fr – Cancer du sein et travail : favoriser le maintien ou le retour durable en activité professionnelle
- The Conversation – Reprendre son travail avec ou après un cancer
- Pôle santé Travail – Comment concilier cancer du sein et vie professionnelle ?