Lien entre cancer et alimentation

Les experts du réseau NACRE (Réseau National Alimentation Cancer Recherche)  répondent à différentes questions sur le lien ou non de l’alimentation et le cancer

Experts du réseau NACRe : le Dr P. Bachmann, le Dr B. Raynard, le Pr P. Senesse et la coordinatrice Paule Latino-Martel

On dit beaucoup de bien du chou chinois. Est-ce si bon aussi contre le cancer ?

Réseau NACRe : Le chou chinois et les autres légumes crucifères (brocolis, chou-fleur, radis…) participent à l’effet protecteur des légumes dans leur ensemble sur le risque de cancer. En fait, aucun aliment particulier ne peut, à lui seul avoir un effet anti-cancer.

C’est l’alimentation dans sa globalité qui doit être équilibrée et diversifiée. Varier les légumes et les fruits est préférable en termes de prévention, et c’est mieux toléré par le système digestif.

En plus, la diversité des aliments évite la monotonie et contribue au plaisir de manger. 

Manger de la viande rouge favorise le cancer, mais j’aime trop ça pour m’en passer. Existe-t-il une manière de la cuisiner qui peut la rendre moins nocive ?

Réseau NACRe : Consommer de la viande rouge ou des charcuteries fréquemment et en grande quantité augmente le risque de cancer, en particulier de cancer colorectal.

Concernant la viande rouge, il est conseillé de ne pas dépasser 500 grammes par semaine.
Il faut donc éviter d’en consommer en excès, mais il ne s’agit pas de la supprimer totalement, car c’est une source importante de protéines de bonne qualité et de fer.
500 grammes cela permet d’en consommer 2-3 fois par semaine (un steak pèse entre 100 et 150 grammes).

Les autres jours, vous pouvez alterner avec de la viande blanche (volailles), du poisson, des œufs et des légumineuses(également source de protéines).
L’effet de la viande rouge sur le risque de cancer passe en partie par l’excès de fer qui va se retrouver dans le côlon après la digestion.Le mode de cuisson peut aussi intervenir, en cas de chauffage excessif. Il est plus prudent de ne pas consommer les parties « brûlées » à la surface des grillades et des rôtis, et les jus de cuisson très foncés. De plus, certaines viandes rouges sont très grasses, participant à un excès d’apport calorique : éviter les morceaux les plus gras ou laisser le gras sur le bord de l’assiette.

  Bonjour, J’ai 63 ans et ai la maladie de Crohn depuis des années. Je suis actuellement sous Remicad et ai quotidiennement des diarrhées (dès la fin de chaque repas au moins). Je mange sans graisse et fais attention aux aliments que je connais ne pas me convenir. Malgré cela je grossis régulièrement. Que puis-je faire, quelle alimentation avoir ? Tout cela me déprime. Je vous remercie de vos conseils.

Réseau NACRe : La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire de l’intestin. Les diarrhées sont donc fréquentes mais les causes ne sont pas exclusivement liées à l’inflammation. Une discussion avec le médecin traitant et le gastroentérologue peut aider à identifier la cause et permettre un traitement plus adapté.

Concernant l’alimentation, il est important, si cela est possible, de ne pas avoir de régime d’exclusion et de garder une diversification la plus importante possible. Comme pour toutes les maladies chroniques, le contrôle du poids nécessite un juste équilibre entre les apports alimentaires équilibrés et une activité physique soutenue (et adaptée à votre état). La patience et la motivation sont essentielles. Plusieurs années de maladie ne sont pas corrigées par quelques semaines d’alimentation équilibrée et de reprise d’activité physique !

L’aide d’un diététicien et le soutien (et prescriptions) de votre médecin traitant vous seront nécessaires.

 Trop de sel peut donner des maladies du cœur. Qu’en est-il du cancer ?Réseau NACRe : Le sel provient en partie du sel de table ajouté pendant la cuisson ou dans l’assiette. Il provient surtout des aliments salés au cours de leur transformation : pain, charcuteries, plats composés, fromages, soupes et bouillons, pizzas, quiches… Consommer trop d’aliments salés contribue à augmenter le risque de maladies cardiovasculaires mais aussi de cancer de l’estomac. C’est donc une autre bonne raison d’être vigilant sur ces multiples apports de sel. 

 Ma femme n’a pas souvent envie de manger depuis qu’elle est en chimio. Qu’est-ce que je peux lui préparer comme plat qui lui ferait envie ?

Réseau NACRe : C’est habituel ! Les chimiothérapies provoquent des effets secondaires qui réduisent l’appétit : troubles du gout, nausées, parfois vomissements, odeurs désagréables… Préparer des mets inhabituels n’est pas forcément une solution. Les conseils pour gérer une alimentation suffisante et éviter de perdre du poids, sont généralement de manger des portions plus réduites mais plus souvent (faire une à deux collations), d’enrichir les plats, de jouer sur la température et l’assaisonnement selon les troubles ressentis.

Les diététiciennes des services de cancérologie sont les plus efficaces pour donner des conseils en fonction de ces troubles, des besoins nécessaires au maintien d’un bon état nutritionnel.

Enfin, les choses s’améliorent souvent au bout de quelques jours et il est impératif d’essayer de rattraper avant la cure de chimiothérapie suivante. Certaines personnes, même sous chimiothérapie, prennent du poids. Les conseils seront alors de manger équilibré et de garder une activité physique soutenue.

 Je viens d’apprendre que je suis en rémission (cancer du sein). Est-ce que je peux manger normalement ?

Réseau NACRe : En situation de rémission d’un cancer du sein, aucun régime spécifique n’est préconisé. Cependant, une prise de poids excessive ou l’existence d’un surpoids ou d’une obésité sont des facteurs de risque de récidive du cancer du sein. Pour éviter ces situations à risque, il est recommandé d’avoir une alimentation équilibrée avec au moins 5 portions de fruits et légumes par jour, et limitant les aliments « riches » comme les féculents ou les produits gras et/ou sucrés (pâtisseries, friandises, …) en particulier au dîner et en soirée. Cet équilibre alimentaire simple doit s’associer à la pratique régulière d’une activité physique adaptée (les conseils d’un éducateur sportif seront les bienvenus pour vous aider à choisir la ou les bonnes activités).
En cas de surpoids ou d’obésité, la consultation régulière d’un diététicien-nutritionniste peut être utile dans l’objectif d’une perte de poids progressive et significative.

 La consommation de glucides lents en excès (pomme de terre par exemple) favorise-t-elle la survenue des cancers ?

Réseau NACRe : Les glucides lents sont apportés par les féculents : les pommes de terre, le pain et autres produits de panification (biscottes, pain grillé…), les céréales (riz, blé, seigle…), les légumineuses (lentilles, haricots secs…). Ils apportent de l’énergie progressivement à l’organisme, ils sont donc nécessaires et préférables aux sucres simples (que l’on trouve en grande quantité dans les boissons sucrées, les biscuits, les friandises…) qui apportent beaucoup d’énergie en peu de temps. La quantité de féculents doit être adaptée en fonction du mode de vie : les personnes actives physiquement peuvent en consommer plus que les personnes sédentaires. Au lieu de réduire les féculents, il vaut mieux augmenter l’activité physique et consommer des céréales complètes et des légumineuses, riches en fibres, car l’activité physique et les fibres contribuent à la réduction du risque de cancer. 

 Bonjour, j’ai été opérée du cancer du côlon en novembre 2016 et depuis je suis un régime strict sans fibre, j’ai une métastase au foie (9 mm) et actuellement je suis une chimiothérapie avant intervention pour mon foie. Quand pourrai-je élargir mon alimentation ? 

Réseau NACRe : De façon générale, les régimes ne sont pas recommandés en cancérologie. Ce point est aussi vrai pour la chirurgie. Cependant, dans quelques cas, il existe des recommandations pour réduire les risques de dénutrition (perte de poids) comme de manger fractionné après une chirurgie gastrique. En cas de chirurgie colique, il n’est pas recommandé de régime particulier. Les techniques opératoires ont progressé et très peu de patients devraient être concernés par les régimes en chirurgie colique ou colorectale. Dans votre cas particulier, et sans votre dossier complet, il est difficile de répondre formellement. Le plus probable est que, par sécurité, les chirurgiens aient proposé un régime en sortie d’hospitalisation, régime qui n’a jamais été revu… Une autre possibilité est que vous ayez une sténose partielle (fermeture partielle du tube digestif). Le régime qui aurait pu alors convenir aurait été un régime « sans bouchon » : dans ce régime, les équipes recommandent en général d’éviter les légumes secs (lentilles, pois chiche, haricots blancs, rouges…), les fruits gras (cacahuètes, pistaches, amandes…), les choux et dérivés (salsifis, brocolis, fèves, navets oseilles, céleri, champignon…), les charcuteries et gibier, les boissons alcoolisées et les coquillages crus (moules, huitres….). Ces régimes d’exclusion ne doivent pas durer dans le temps car ils peuvent être source de carence.

Je vous invite à contacter votre médecin afin de discuter avec lui des possibilités d’élargir votre alimentation.

 “Bonjour,l’alimentation a elle seule, c’est a dire sans d’autres facteurs (gènes, pollution, tabagisme) peut-elle faire apparaitre un cancer ?”  

Réseau NACRe : Les cancers sont des maladies multifactorielles. En l’absence de prédisposition génétique, c’est-à-dire dans la très grande majorité des cas (90-95 %), les cancers résultent d’une interaction entre des caractéristiques non modifiables des individus (âge, sexe, spécificités génétiques, hormonales et métaboliques) et tout un ensemble de facteurs au moins en partie modifiables, auxquels ils sont exposés au cours de leur vie : habitudes de vie (tabac, facteurs nutritionnels incluant l’alimentation, les boissons alcoolisées, le surpoids/obésité, l’activité physique…), environnement (rayons solaires, radon, particules diesel…), expositions professionnelles (rayons ionisants, amiante…). On ne peut pas choisir son âge, son sexe, son patrimoine génétique, mais on peut dans une certaine mesure agir sur les facteurs modifiables.

La nutrition à elle seule joue un rôle important : dans les pays développés il a été estimé qu’un tiers des cancers les plus fréquents pourraient être évités grâce à une prévention nutritionnelle, consistant à réduire la consommation d’alcool, avoir une alimentation équilibrée et diversifiée, avoir une activité physique régulière.

 Que pensez vous du fait de jeûner avant et pendant la chimiothérapie?

Réseau NACRe : Malgré des faits scientifiques intéressants montrant les effets positifs du jeûne dans les modèles expérimentaux (souris), il n’existe pas de preuve clinique probante chez les patients atteints de cancer. Un jeûne, même court, peut aggraver une dénutrition et donc augmenter le risque de mauvaise tolérance d’une chimiothérapie. En l’absence de preuve patente, le jeûne n’est pas conseillé chez les patients avant ou en cours de chimiothérapie.

 Si je mange beaucoup de pain et de pommes de terre, Est-ce que j’augmente mon risque d’avoir un cancer ?  

Réseau NACRe : Dans le domaine nutritionnel, avoir une alimentation équilibrée et diversifiée, réduire sa consommation d’alcool et avoir une activité physique régulière sont les objectifs principaux à atteindre.

Manger beaucoup de pain et de pommes de terre apporte beaucoup d’énergie. Si votre activité physique est importante, cette source d’énergie est utile. En revanche, si vous êtes plutôt sédentaire ou le devenez, trop de féculents peut vous conduire à prendre du poids (le surpoids et l’obésité augmentent le risque de cancer) et il serait préférable d’en consommer moins.

Dans les deux cas il vaudrait mieux donner plus de place à d’autres aliments qui ont des effets bénéfiques : les fruits et légumes sont riches en vitamines, minéraux et fibres tout en étant peu caloriques, et ils réduisent le risque de cancer !

En raison du grand nombre de questions reçues, il n’a pas été possible de répondre à toutes. Nos experts vous invitent donc à consulter le site du réseau NACRe  sur lequel vous pourrez trouver des informations sur la nutrition et la prévention ou la prise en charge des cancers.

Auteurs : Réseau National Alimentation Cancer Recherche (Réseau NACRe)

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